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Je Fais des Choses
Hans Theys in , Friday 1st June 2012, Belgium. | |
Je fais des choses Petit entretien avec Danny Devos Danny Devos (né en 1959) est l’un des artistes les plus radicaux et cohérents de notre pays. Je ne le connais pas personnellement, mais je l’ai rencontré à quelques reprises. Il est sur ses gardes, ou autrement dit, alerte et concentré. L’occasion de notre entretien est une performance qu’il a exécutée en 1980 dans l’ICC à Anvers. Dans un ouvrage publié récemment, il a décrit cette performance comme suit : « J’ai placé des échelles que j’avais fabriquées moi-même sur l’escalier en marbre et je me suis ensuite laissé tomber de l’escalier à six reprises. » Je lui ai demandé de quels matériaux étaient faites ces échelles et s’il les avait utilisées pour amortir ou guider sa chute. Danny Devos : Non. Ces échelles faisaient partie de mon projet de fin d’études à l’Académie de Gand. Elles étaient constituées de toutes sortes de matériaux. L’une était formée de branches que j’avais liées ensemble avec du plâtre à pansements, j’avais découpé une autre dans du tissu, etc. J’avais exposé ces échelles sur cet escalier en marbre, mais pour la performance, je les avais enlevées, je crois. C’était sans doute le dernier jour de l’exposition. Tu pourrais le vérifier sur YouTube. On y trouve une petite vidéo de la performance. (C’est ce que j’ai fait. Elle s’appelle DDV – Trapfilmpje [remix]. On n’y distingue pas d’échelles.) Ces échelles, c’étaient des bouche-trous. La performance consistait en ce que je me suis laissé tomber à six reprises de l’escalier à partir de la position accroupie. - Tu avais 21 ans. Devos : Oui, c’était en septembre, j’allais donc avoir tout juste 21 ans. C’était ma 38e performance. Je les ai commencées « officiellement » en 1979, mais en fait dès 1976. Je faisais déjà à l’époque des choses de ce genre, comme trimbaler une pierre, j’en ai encore un enregistrement, mais j’ignorais qu’il existait des choses appelées performances ou actions. À l’Institut Saint-Luc, l’histoire de l’art contemporain s’arrêtait en 1945. En 1976, il était impossible pour quelqu’un de 17 ans de savoir qu’il existait des personnes telles que Chris Burden. Mais j’allais à l’école à Bruxelles et j’habitais Vilvorde. Et le soir et la nuit, j’ai commencé à faire des trucs. La première fois que j’ai fait la connaissance des Wiener Aktionisten comme Rudolf Schwarzkogler et de Gina Pane, c’était plus tard, dans la Galerie Baronian à Bruxelles. - Pourquoi cites-tu Vilvorde ? Devos : À Machelen, une commune fusionnée avec Vilvorde, on a démoli un quartier entier pour aménager l’échangeur autoroutier entre l’E19 et l’E40. Mes grands-parents habitaient ce quartier. À côté de leur maison s’en trouvait encore une autre, et puis la rue se terminait là en cul-de-sac. Derrière s’élevait le viaduc. Devant leur maison se trouvait un puits de 10 mètres de profondeur. Par la suite, en vue d’amortir le bruit, on a construit de l’autre côté de la rue un mur en métal de 3 mètres de haut. Voilà la vue qu’ont eue mes grands-parents pour le reste de leur vie. À Vilvorde, l’industrie commençait à aller moins bien. L’aéroport était tout près. C’était un cadre très déprimant, mais en même temps excitant. Je crois qu’on ne peut voir qu’une seule fois dans sa vie construire un tel échangeur routier. En Belgique, on n’a plus la place pour le faire. Mais je ne suis pas un artiste socialement engagé. Je pense simplement à partir de mon environnement et je fais des choses. À d’autres de découvrir ce que signifient ces choses. C’est comme avec ces échelles. À quel moment une chose devient-elle une échelle ? Lorsqu’elle a l’air d’une échelle ? Ou faut-il pouvoir y grimper ? - Tu avais alors l’impression qu’il n’y avait plus de place pour les gens ? Devos : Oui… En même temps, on démolissait le Quartier Nord à Bruxelles. Et je faisais la navette entre ces endroits. C’était vraiment No Future. J’étais alors dans le Punk et la New Wave. Pendant ma première année à l’Académie, j’avais construit une installation avec des panneaux agglomérés, à travers laquelle les gens pouvaient passer. Ce n’est que lorsqu’ils se trouvaient au milieu qu’ils se rendaient compte qu’ils se tenaient sur moi. I Do Things Conversation with Danny Devos Danny Devos (b. 1959) is one of the most radical and consistent artists in our country. I don’t know him personally, but I did meet him a few times. He is alert and focused. The reason for our conversation is his 1980 performance at the International Cultural Centre (ICC) in Antwerp. In a recently published monography, he described this work as follows: ‘I placed my home-made ladders on the marble staircase and threw myself down it, from top to bottom, six times.’ I asked him about the materials he had used to make the ladders and whether they had crashed down with him, or if they had broken his fall. Danny Devos: No. The ladders were part of my graduation project at the Academy in Ghent. They were made from different materials. One was crafted from branches held together with plaster of Paris, another had been cut out of fabric and so on. I’d exhibited those ladders on the marble staircase, but I think I removed them for the performance. It was probably the last day of the exhibition. You could check it out on YouTube, where there’s a video of the performance. (I did as he suggested: the video is called DDV – Trapfilmpje [remix]; there are no ladders in the clip.) Those ladders, that was just filling. The performance consisted of me throwing myself down the stairs from a crouching position, repeated six times. - You were twenty-one. Devos: Yes, it was in September, so I was just turning twenty-one. It was my 38th performance. I only ‘officially’ started doing performances in 1979, but I’d been performing since 1976. I did similar things back then, such as carrying a rock for a long time, I still have a recording of the work, yet had no idea that performances or actions even existed. At the Sint-Lukas -Institute, contemporary art history stopped in 1945. In 1976, it was impossible for a seventeen-year-old to find out about people like Chris Burden. But I went to school in Brussels and lived in Vilvoorde. And I started doing things in the evening and at night. I didn’t find out about the Vienna actionists, such as Rudolf Schwarzkogler and Gina Pane, until much later, via the Baronian Gallery in Brussels. - Why do you mention Vilvoorde? Devos: In Machelen, a district of Vilvoorde, they bulldozed an entire neighbourhood to build the junction between the E19 and the E40. My grandparents lived in the district. There was one other house next to theirs and then a dead end, where the viaduct was built. On the other side of the street was a 10-metre-deep pit. Later, to reduce the noise, the authorities built a 3-metre-high metal wall across the street. That became my grandparents’ view for the rest of their lives. The industry in Vilvoorde started to decline. The airport wasn’t far away. It was an extremely oppressive environment, but also very exciting. To witness the building of such a junction is a once in a lifetime event. Belgium’s run out of space for such things. But I’m not a socially engaged artist. I just think from within my surroundings and I do things. What these things mean, others have to decide. It’s the same with those ladders. When is something a ladder? When it looks like a ladder? Or do you have to be able to actually climb it? - Did this make you feel that there was no room left for common people? Devos: Yes… At the same time, they were demolishing the Quartier Nord in Brussels, where I went to school. And I shuttled back and forth between the two places. It really did feel as though there was No Future. I was into Punk and New Wave at the time. During my first year at the Academy, I used fibreboards to build an installation that people could walk through. Only when they were in the middle did they realise that they were standing on top of me. Ik doe dingen Danny Devos: ‘Neen. Die ladders waren een deel van mijn afstudeerproject aan de Gentse academie. Ze bestonden uit allerlei materialen. Een ervan bestond uit takken die ik met verbandplaaster verbonden had, een andere had ik uit stof geknipt enzovoort. Ik had die ladders tentoongesteld op die marmeren trap, maar voor de performance heb ik ze, denk ik, verwijderd. Waarschijnlijk was het de laatste dag van de tentoonstelling. Je zou het kunnen checken op YouTube. Daar staat een filmpje op van de performance. (Dat heb ik gedaan. Het heet DDV - Trapfilmpje [remix]. Er zijn geen ladders te zien op het filmpje.) Die ladders, dat was bladvulling. De performance bestond erin dat ik mezelf zes keer vanuit gehurkte positie naar beneden heb laten vallen.’ - Je was 21. Devos: Ja, het was in september, ik ging dus net 21 worden. Het was mijn achtendertigste performance. Ik ben daarmee “officieel” begonnen in 1979 maar eigenlijk al in 1976. Toen deed ik ook al dergelijke dingen, zoals het rondzeulen met een steen, ik heb daar nog een opname van, maar ik wist niet dat er zoiets bestond als performances of acties. In het Sint-Lukas Instituut stopte de hedendaagse kunstgeschiedenis in 1945. In 1976 was het voor iemand van zeventien jaar onmogelijk te weten te komen dat er mensen bestonden als Chris Burden. Maar ik ging naar school in Brussel en ik woonde in Vilvoorde. En ’s avonds en ‘s nachts begon ik dingen te doen. De eerste keer dat ik kennis maakte met Wiener Aktionisten als Rudolf Schwarzkogler en met Gina Pane was pas later, in de Brusselse Galerie Baronian. - Waarom vernoem je Vilvoorde? Devos: In Machelen, een deelgemeente van Vilvoorde, hebben ze een hele wijk afgebroken om de verkeerswisselaar tussen de E19 en de E40 te bouwen. Mijn grootouders woonden in die wijk. Naast hun huis stond er nog één en daar liep de straat dood. Daarachter verrees het viaduct. Voor hun huis bevond zich een put van tien meter diep. Later, om het lawaai te dempen, werd aan de overkant van de straat een drie meter hoge, metalen muur gebouwd. Dat werd het uitzicht van mijn grootouders voor de rest van hun leven. De industrie in Vilvoorde begon minder goed te marcheren. Vlakbij was de luchthaven. Het was een heel terneerdrukkende, maar tegelijk opwindende omgeving. Ik denk dat je maar één keer in je leven zo’n verkeerswisselaar kan zien bouwen. In België hebben ze daar geen plaats meer voor. Maar ik ben geen sociaal geëngageerd kunstenaar. Ik denk gewoon vanuit mijn omgeving en ik doe dingen. Wat die dingen betekenen, moeten anderen uitmaken. Het is zoals met die ladders. Wanneer is iets een ladder? Wanneer het eruitziet als een ladder? Of moet je ermee kunnen klimmen? - Had je toen het gevoel dat er geen plaats meer was voor gewone mensen? Devos: Ja… Tegelijk waren ze in Brussel de Noordwijk aan het slopen. En ik pendelde heen en weer tussen die plekken. Dat was echt No Future. Ik zat toen in de Punk en de New Wave. Tijdens het eerste jaar aan de academie bouwde ik met vezelplaten een installatie waar de mensen mochten doorlopen. Pas als ze in het midden waren, beseften ze dat ze bovenop mij stonden. Montagne de Miel, 1 June 2012 | ||
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